Procès d’Omar Raddad, ou « Omar m’a tuer », une prochaine réouverture du dossier est envisagée. Ici, la suite et fin de nos articles précédents.
Rappel rapide des faits. Ghislaine Marchal, une riche mondaine est retrouvée assassinée dans la cave de sa villa sur la Côte d’Azur. La seule porte de la pièce était fermée à clé de l’intérieur. Un message, gravé par le sang de la victime, semblait accuser son jardinier. « Omar m’a tuer ».
Ce meurtre brutal d’une riche dame et la condamnation de son jardinier marocain, Omar Raddad, sont restés l’une des affaires les plus mystérieuses.
L’affaire Omar Raddad : cause indéfendable ?
Immédiatement après la condamnation de M. Raddad en 1994, certains des thèmes de fond du tribunal ont explosé. Son avocat de l’époque, Jacques Vergès, est célèbre pour prendre des affaires indéfendables. Il a par exemple contribué à l’affaire Dreyfus. Fonctionnaire juif qui a été accusé à tort en raison de sa religion. La question de son avocat était : le seul tord du jardinier était-il d’être arabe.
Inspiré par la défense d’Émile Zola pour Dreyfus, le romancier Jean-Marie Rouart a formé un groupe de soutien à M. Raddad et a écrit un livre, « Omar, la fabrication d’un coupable ».
L’affaire la plus symbolique aujourd’hui est celle d’Omar Raddad. Au départ cela a été une intuition mais très vite, j’ai eu la certitude de son innocence.
La guerre des classes
Les tensions de classe ont continué à se manifester après le procès. Parfois de manière inattendue. Par exemple, M. Rouart. Car il est également issu d’une famille de notable. Plus rédacteur en chef littéraire du Figaro, journal conservateur. Il a ainsi opposé son plaidoyer aux membres de sa propre classe.
La catégorie sociale était, en effet, au cœur du débat. L’erreur grammaticale dans le message de la victime, « Omar m’a tuer » écrit avec un R et non un E, était au cœur du débat.
C’est peut-être une erreur courante chez les écoliers. Mais est-ce que quelqu’un de sa classe la ferait ?
L’utilisation appropriée était considérée comme un privilège de l’élite, a déclaré Anne Abeillé. Rédactrice en chef d’un Grammaire française 2 628 pages livre. En 1901, une tentative pour simplifier l’orthographe à fin de la rendre plus accessible pour des raisons politiques a été contrecarrée, a-t-elle déclaré.
Il fallait empêcher tous ces jeunes issus de la classe ouvrière d’avoir le même contrôle linguistique.
A déclaré M. Abeillé.
La faute d’orthographe peut-elle être une preuve pour innocenter Raddad ?
Pour les partisans de M. Raddad, l’erreur est bien la preuve que Mme. Marchal n’avait pas écrit le message. Mais qu’il était bien écrit par quelqu’un d’autre. Ainsi, le meurtrier tentait d’accuser le jardinier.
Mme du Granrut, avocate, a expliqué que sa tante, comme beaucoup d’autres femmes de sa classe et de sa génération, n’était pas allée à l’université. Les enquêteurs ont d’ailleurs trouvé d’autres exemples de courrier avec cette même erreur.
Je ne suis pas sûre, au moment où elle écrivait, qu’elle se souvienne de toute sa grammaire et de sa syntaxe française.
A ainsi déclaré Mme. du Granrut.
À ce stade, M. Rouart, le romancier approuve également que les plus grands orateurs font des fautes. Même des membres de l’Académie française, l’institution chargée de défendre le français, font des fautes d’orthographe. Lui-même membre de l’Académie en 1997.
Pourtant, l’erreur d’orthographe a pris de l’importance ! Refaisant surface même des décennies plus tard dans les titres de livres, les unes journaux. Des titres de film et les médias sociaux pour refléter l’erreur judiciaire.
Nous continuerons tous à suivre cette affaire de prêt.

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org