Pablo Picasso : une vie sous surveillance

Pablo Picasso : une vie sous surveillance

En 1900, le jeune Pablo Picasso quitte Barcelone, pour Paris avec des rêves de victoire. Pauvre, talentueux et jeune, il travaille sans relâche. Mais, il vit avec audace, expérimente presque tous les supports de l’art. Et passe du temps à l’académie française. Tout au long de sa vie, il acquit gloire et fortune et redéfini l’art au 20e siècle.

 

Pablo Picasso, victime de xénophobie

Mais, pendant plus de 40 ans, ses attaches catalanes, son penchant pour le communisme et sa célébrité font douter de lui aux yeux de la police et des services de renseignement français. Sa demande de naturalisation a même été rejetée. C’était la xénophobie et la politique identitaire.

Annie Cohen-Solal, historienne de la culture française et biographe déclare :

Picasso est venu à Paris pour faire partie de la scène artistique. Dans laquelle les postimpressionnistes, les fauves et d’autres mouvements modernes luttaient contre les rigueurs de l’Académie des beaux-arts.

 

Il a été placé sous surveillance, signalé comme anarchiste par des informateurs de la police. Également, comme un peintre  » moderne  » au mérite douteux.

 

En 2015, Mme Cohen-Solal se lance dans un projet de recherche pour examiner 40 ans de dossiers de police. Elle a croisé sa chronologie, ses dossiers personnels et les vastes archives du musée Picasso à Paris, pour son reconstituer un récit complet sur la vie de l’artiste.

 

Pablo Picasso, né en Espagne et expatrié en France jusqu’à sa mort en 1973.

Les découvertes Mme Cohen-Solal font l’objet d’une exposition d’art qu’elle a organisé. Intitulée «Picasso, l’étranger ( ou Picasso, l’Alien). Elle ouvrira ainsi le 4 novembre à Paris, au Musée national de l’histoire de l’immigration. En partenariat avec les Musées Picasso de Paris, Barcelone et Antibes.

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L’exposition explore la vie et l’évolution artistique de Picasso en tant que personne. Également, en tant qu’expatrié. Tout cela aux travers d’environ 200 œuvres d’art ainsi que des films et des documents d’archives. Comprenant aussi des rapports de police, les demandes de résidence de l’artiste et sa demande de citoyenneté.

De même, on pourra y trouver des sélections de l’abondante correspondance avec sa mère et d’autres documents personnels.

 

« Un Étranger Nommé Picasso »

Le livre de Mme Cohen-Solal « Un Étranger Nommé Picasso »  fait plus de 700 pages mais se lit comme un thriller passionnant. Tout en élargissant la portée de  » Pablo Picasso : Dossiers de la Préfecture de Police 1901-1940,  » publié en 2003. Une traduction anglaise de son livre est attendue en 2023.

J’ai toujours été intéressée par les expériences des expatriés dans le monde de l’art. En raison de la compréhension unique que la perspective de l’art et de l’immigration offre des problèmes de société.

Déclare Mme Cohen-Solal. Qui a également écrit des biographies du galeriste Leo Castelli et de l’artiste Mark Rothko, immigrants en Amérique.

Le Musée national de l’histoire de l’immigration, ouvert en 2007 et inauguré en 2014, est un site riche en symboles de l’héritage complexe du colonialisme en France. Il est logé dans une majestueuse structure Art déco appelée Palais de la Porte Dorée. Construite pour l’Exposition coloniale de Paris en 1931. Où de grandes possessions coloniales françaises étaient exposées.

Lors de l’inauguration, un conservateur a déclaré que la profession du musée était de montrer des histoires d’immigrants de célébrités comme Picasso.

A déclaré M. Cohen-Solal. 

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Lorsque Picasso s’installe à Montmartre parmi d’autres expatriés catalans, l’instabilité politique en France envoie une vague de xénophobie et d’intolérance. Et cela, suite au scandale connu  de l’Affaire Dreyfus et de l’assassinat des anarchistes italiens en 1894.

En 1901, la première exposition de Picasso à la galerie Vollard lui a donné un statut célèbre parmi les artistes et intellectuels de la ville. Mais l’attention qu’il a attirée a jeté le doute sur lui aux yeux de la police.

Elle pointe ses liens avec d’autres Catalans. De plus, il ne parlait pas français et peint des femmes pauvres mendiant dans les rues.

 

Son talent est reconnu à l’étranger

Le 3 avril 1940, quelques semaines avant la capitalisation de la France au profit de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, la demande de citoyenneté française de Picasso a été rejetée.

Picasso était dans un état précaire pendant la guerre. Il avait peur d’être expulsé. Antifasciste, il ne peut retourner en Espagne et la vie d’étranger est difficile sous le régime nationaliste de Vichy. 

Pourtant, les dossiers fiscaux, en 1947, montrent que Picasso a dû payer des impôts de « solidarité nationale » de 1,2 million de francs, pour contribuer à l’effort de reconstruction de la France d’après-guerre.

La France a beaucoup revu son appréciation de l’artiste dans les années d’après-guerre. En 1958, l’État français lui offre la nationalité. Mais Picasso n’était plus intéressé. De plus, en 1967, il rejette également la plus haute décoration de France, la Légion d’honneur.

Est-ce que l’expérience d’immigré de Picasso a influencée son l’œuvre  ? L’exposition du musée permettra aux visiteurs de tirer leurs propres conclusions. 

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