Poteaux et lampadaires customisés, fresques monumentales, personnages historiques réinventés… Versailles reprend des couleurs sous le pinceau des artistes de street art. Une initiative du maire qui ne plaît pas à tout le monde.
L’idée était d’embellir la ville par tous les moyens.
Passionné d’art et maire de Versailles depuis 12 ans, c’est François de Mazières que l’on retrouve à l’initiative de cette politique culturelle. Décalé et accessible à tous, l’art urbain est pour lui le plus démocratique qui soit.
Par ce projet, il y a notamment la volonté d’insuffler une nouvelle attractivité à la ville royale. Le château de Versailles accueille peut-être quelques 10 millions de visiteurs chaque année et est un pan incontournable de notre patrimoine. Mais la commune ne souhaite pas se résumer à cela.
Alors voici qu’elle se pare de motifs et de couleurs. Ici des illustrations des fables de La Fontaine sur des armoires électriques. Là, les murs nus du centre-ville transformés en magasins d’époque grâce à d’ingénieux trompe-l’œil. Un peu plus loin encore, des personnages historiques retravaillés à la manière rétro par l’artiste Invader.

Si les habitants ont rapidement adhéré au projet et à ces petits nouveaux venus tapisser les bâtisses, le Maire a aussi du faire face à la réticence et au rejet de l’opposition. Et ce n’est certainement pas la commande d’une œuvre de 200 000 €, un banc long de 90 mètres au sein du jardin des étang Gobert, qui allait calmer les esprits.
À chaque fois qu’on fait quelque chose, on prend un risque.
Mais François de Mazières refuse de parler de démesure.
Un budget maîtrisé ?
Il faut dire que sur les 2600 hectares sur lesquels s’étend la ville, 800 sont déjà occupés par le Château qui ne rapporte rien à la commune. 450 autres sont dédiés au Ministère des Armées avec 2500 logements de militaires. Et 350 supplémentaires à l’Office national des forêts.
Selon cette répartition, la surface restante consacrée aux activités économiques a globalement été faible d’un point de vue historique.
Compte tenu d’un budget limité, le Maire a choisi de faire preuve d’un peu d’astuce. Les trompe-l’œil street art ont par exemple été pensés comme des projets scolaires et réalisés par les étudiants des écoles d’art de Versailles. Les fresques du quartier HLM ont été intégrées au budget de rénovation thermique.

Commune incubatrice de la création artistique, c’est un vent de fraîcheur qui souffle désormais sur la ville royale. Rue du Vieux Versailles, Madame de Maintenon, Louise-Michel ou encore Louis XV se mêlent à la foule des passants depuis leurs poteaux colorés par l’artiste Cyklop.
Un projet pleinement ancré dans le présent mais qui n’oublie rien de l’extraordinaire histoire dont la ville royale profite encore aujourd’hui.