L’Insee a parlé. Dans un communiqué publié le 22 décembre, elle indique que la dette publique frôle les 120 % du PIB en atteignant le montant historique de 2 674 Milliards d’euros.
Est-ce grave docteur ?
A l’époque du rapport Pébereau où la dette publique atteignait 67 % du PIB, avec un montant cumulé de 1000 milliards d’euros, la réponse aurait été un cri horrifié et un transfert immédiat dans un service d’urgence.
Fort heureusement, les temps ont changé. Notons, tout d’bord, comme le fait l’Insee dans son communiqué du 22 décembre, que :
La progression de la dette publique ralentit fortement après le pic enregistré au trimestre précédent. (Du fait) d’une hausse de trésorerie de l’Etat et des administrations de Sécurité Sociale.
C’est déjà ça. La hausse qui a été de 200 milliards au second trimestre n’est plus que de 36 milliards au troisième. Oui, mais bon, à 1000 milliards, le rapport Pébereau recommandait de tailler dans les dépenses publiques pour régler le problème. Alors, à plus du double, faudra-t-il tailler encore plus dans ces dépenses, une fois la crise sanitaire passée ? Car, elle finira bien par passer. Et pour l’instant elle compte pour près de 200 milliards dans la dette publique actuelle.
Rappelons que, selon la définition qu’en donnent les pouvoirs publics :
La dette publique correspond à l’ensemble des emprunts publics contractés par l’Etat, la Sécurité Sociale, les ODAC et les collectivités territoriales.
Les solutions pour diminuer la dette publique
Avec un niveau des taux d’intérêt plutôt bas et une politique très accommodante de la BCE envers les « papiers » représentant de la dette souveraine, il n’y a pas péril en la demeure. Les banques commerciales paient pour que la BCE garde les fonds qu’elles doivent mettre en réserve. Oui, mais quand même, une dette, ça se rembourse, sinon où va-t-on.
Sauf qu’une dette publique n’est pas une dette privée. Un Etat a toujours des ressources et un crédit assis sur ses actifs et sa fiscalité. Par exemple, ça ne gêne pas du tout le Japon d’avoir une dette publique qui correspond à plus de 240 % de son PIB. Et cela depuis un bon moment.
Réduire les dépenses publiques
Par suite, il n’y a plus unanimité sur la façon de traiter cette dette publique. En tout cas, difficile d’envisager qu’elle soit uniquement réduite par de nouvelles et importantes réductions des dépenses publiques. Les hôpitaux, les écoles du secteur public, de même que bien des petites entreprises du secteur privé n’y résisteraient pas. Entre autres.
On évoque tout de même une sous-indexation des pensions de retraite. Le niveau de vie des retraités étant considéré comme supérieur à celui des actifs.
Augmenter les impôts
Plus de dépenses, donc plus de recettes, si on ne peut pas réduire les premières. Logique, non ? Sauf que le consentement à l’impôt n’est pas une vaine expression. La France est toujours réputée pour avoir un taux de prélèvement obligatoire plus élevé que celui de ses voisins. Dans les conditions actuelles, il est loin d’être certain que ce consentement, à forte résonnance politique, soit acquis d’avance.
Continuer à emprunter
Il ne reste plus que çà à faire. Après tout, tant que les taux d’intérêt sont faibles et que la BCE se montre accommodante, c’est faire preuve de bonne gestion que de financer une dette dans ces conditions. Cela permet de sauvegarder les conditions d’emploi et de la croissance.
Une fois que celles-ci s’amélioreront, de nouvelles rentrées via, notamment, la fiscalité permettront d’alléger le poids des remboursements. Autrement dit, le poids des charges de la dette, exprimées, cette fois, en pourcentage des recettes publiques.
Annuler une partie de la dette publique
Oui, mais si la croissance n’est pas au rendez-vous et que les taux d’intérêt remontent, il y a de quoi avoir peur. Pour la monnaie, cette fois. Et, si à cause de cela et de l’impossibilité de rembourser, elle allait au fond du trou ? Cela s’est déjà vu. En Allemagne, justement, pendant les années 20. Et les effets politiques en ont été désastreux.
Alors pourquoi ne pas innover et annuler purement et simplement une partie de la dette dont l’origine est, somme doute, indépendante de la volonté des acteurs. C’est notamment l’opinion d’Arnaud de Montebourg.