Les fiançailles avaient été annoncées en grande pompe. LVMH, le géant du luxe, allait bientôt fusionner ses activités avec Tiffany, l’icône du luxe américaine. Pour cela, il s’était décidé à mettre sur la table près de 16 milliards de dollars. Oui, mais voilà, LVMH et son patron, Bernard Arnault, n’ont pas apprécié que Tiffany continue à distribuer de généreux dividendes à ses actionnaires, alors même que ses comptes étaient dans le rouge.
On parle de 70 millions de dollars de dividendes versés par trimestre, malgré la pandémie, et d’une perte, au premier semestre 2020, de 32,7 millions de dollars. Rien à voir avec les résultats, pour la même période, de 2019. Et, c’est évidemment, autant de moins dans les réserves qu’escomptait récupérer le tycoon français au moment de la fusion.
Escomptait, car les fiancés se font aujourd’hui la tête. Au point que le mariage pourrait bien ne pas se faire. Bernard Arnault veut, en effet, revoir le prix de son acquisition. Il estime que la gestion de la crise par la direction de Tiffany correspond à un cas de force majeure. Que, de ce fait, elle justifie la remise en question des clauses de leur accord. De plus, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a eu l’obligeance de lui adresser un courrier lui demandant de surseoir à son opération, en raison des menaces de taxation des produits français par le gouvernement américain.
Fin de l’histoire LVMH Tiffany avant le 5 janvier 2021 ?
Mais, tout ça ne fait évidemment pas l’affaire de Tiffany qui tient mordicus à son accord, à son prix de vente et à sa gestion des dividendes. La compagnie a donc saisi la justice de l’Etat du Delaware pour contraindre LVMH à respecter ses engagements avant la date du 21 novembre. Date retenue pour la résiliation de l’accord, au cas où il ne serait pas mis en œuvre dans les délais impartis.
LVMH a également saisi cette même cour pour que Tifffany ne lui mette pas le couteau sur la gorge à cause de cette même date limite. Petite victoire pour LVMH, la cour a reconnu sa bonne foi et a fixé la date du procès entre les deux plaignants au 5 janvier 2021. En espérant que d’ici là les deux « fiancés » parviennent à couler, à nouveau, des jours heureux. Ce serait toujours mieux qu’un procès en pleine période de Noël. Période cruciale pour l’un comme pour l’autre.
Le fonds souverain qatari donne l’avantage aux contestataires de Lagardère
Et Lagardère, dans tout ça ? Certes, il n’est pas directement impliqué. Mais, n’oublions pas que c’est l’arrivée de Bernard Arnault au capital de LCM, la holding de tête du groupe Lagardère, qui lui a sauvé la mise. Sans cette arrivée, le poids de son endettement personnel l’aurait étouffé et il aurait probablement perdu sa gérance. Cependant, il n’est pas pour autant sorti d’auberge.
D’une part, Bernard Arnault poursuit la consolidation son investissement dans Lagardère. Ce dont profite son cours à la Bourse de Paris. Celui-ci vient, en effet, de repasser au-dessus de 20 €. Et, comme on vient de le montrer, Bernard Arnault n’a pas pour habitude de laisser aller ses prises de participation. D’autre part, ne pourrait-on voir dans la querelle en cours avec Tiffany une occasion de financer à bon compte cette consolidation. Grâce aux économies réalisées sur le deal initial ?
Quant au duo, Bolloré – Ourghoulian, qui détient 45 % du groupe Lagardère, il ne perd pas non plus son temps. Le fonds souverain qatari, qui détient lui, 13 % du groupe, vient d’appuyer diplomatiquement leur demande pour la tenue d’une nouvelle assemblée générale exceptionnelle.
Pour quoi faire ? Pour obtenir 4 sièges au conseil de surveillance et revenir sur la décision de ce dernier de prolonger, sans attendre, la gérance d’Arnaud Lagardère.
Il y a du rififi dans l’air !

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org