Le 14 mai, tout sera bouclé ! Il n’y aura plus d’affaire Véolia-Suez. C’est le PDG de Véolia, Antoine Frérot, qui le dit.
Alors, la messe est dite. Le 15 mai, au matin, Suez n’existera plus. Du moins dans sa forme actuelle.
Est-ce que tout est réglé pour autant ? Pas vraiment. Le fonds Ardian qui devait hériter de 20 % des actions du nouveau Suez s’est finalement désisté.
Et, par ailleurs, l’intervention du cabinet Equanim, qui a conduit la médiation ayant abouti à l’accord du 11 avril, sent chaque jour un peu plus le souffre. Qu’en est-il donc exactement de ce nouvel exemple de mécano industriel à la française ?
Il faut commencer par se souvenir des termes de l’accord du 11 avril. Lesquels ont été formalisés, après plusieurs mois de lutte, grâce à la médiation de Gérard Mestrallet. Ce dernier a été mandaté par le cabinet conseil Equanim. Il était temps. En effet, la bataille engagée par Véolia pour mettre la main sur Suez, son rival de toujours, commençait à faire désordre.
Contenu de l’accord Véolia-Suez du 11 avril 2021
Donc, selon cet accord qui doit entrer en vigueur le 14 mai prochain, Véolia récupère tout Suez pour 13 milliards d’euros. Ce qui lui permet de pousser son périmètre à 37 milliards d’euros de CA et de devenir un des leaders mondiaux dans son domaine. Certes !
Pour y parvenir, il lui a fallu quand même remettre au pot près de 1,6 milliards d’euros. Mais aussi, accepter que le nouveau Suez, bien que recentré sur la France avec un chiffre d’affaires ramené à 7 milliards, soit la moitié de son CA actuel, conserve néanmoins quelques activités à l’international.
Apparemment, tout est donc bien dans le meilleur des mondes, des affaires, s’entend. « Apparemment », car finalement la façon dont cet accord a été conclu, en 3 jours, dans les salons de l’hôtel Bristol, à Paris, n’est pas du goût de tous.
L’accord Véolia-Suez critiqué sur le fond et la forme
D’abord, le fonds français d’infrastructures, Ardian, à qui devait échoir 20 % du capital du nouveau Suez ne veut plus en entendre parler. Il s’est retiré de cette affaire. Sans tambours, ni trompettes.
Il considère, en effet, ne pas avoir été suffisamment associé à la définition du nouveau périmètre de Suez et à son nouveau mode de gouvernance.
A noter cependant que son ex-partenaire dans sa précédente offre de rachat, le fonds américain GIP, est toujours prêt, quant à lui, à mettre des billes dans le nouveau Suez. Pourtant réduit, selon certains commentateurs, pas très gentils, à n’être plus qu’une société franco-marocaine … Cela, aux côtés de cet autre fonds d’infrastructures qu’est le fonds Méridiam et de la Caisse des Dépôts.
Mais, ce n’est pas tout. Outre que cet accord a fait fi des intérêts que Suez a aux Etats-Unis, intérêts que préservait la proposition formulée, en son temps par Emmanuel Moulin, actuel directeur général du Trésor, nommé par Bruno Le Maire, et rejetée sèchement par Antoine Frérot, il a également donné le beau rôle à Gérard Mestrallet.
Une médiation à 10 millions d’euros
Oui, Gérard Mestrallet. L’ancien PDG même d’Engie et de Suez. Toujours président d’honneur des deux structures !
Et, ce qui ne gâte rien, toujours détenteur d’un paquet d’actions dans l’une et l’autre. Par ailleurs, ce qui est également intéressant, à l’origine de la nomination des principaux dirigeants actuels de Suez. Lequel, donc, agissant pour le compte de Equanim International, a rapporté à ce dernier, la coquette somme de 10 millions d’euros.
Bref, bonjour la cascade de conflits d’intérêt !
De l’avis des spécialistes, 10 millions d’euros, c’est fort bien payé pour ce genre de business. Très bien même. Surtout quand on sait que le cabinet Equanim n’a été créé que début 2020.
Cela, par Patrick Klugman, avocat, sa femme, Matthias Fekl, ancien ministre, et Yvan Terel, avocat, lui aussi.
Et, il semblerait que la médiation, menée par Gérard Mestrallet, soit une des toutes premières affaires de ce cabinet. On ne connait pas les autres. C’est confidentiel. Mmhmm.
Bah, comme son conseil stratégique comprend des figures prestigieuses du monde des affaires et que son rôle dans la fusion Véolia-Suez est loin d’être passé inaperçu, gageons qu’il ne restera pas longtemps inactif et domicilié dans une habitation privée, ainsi qu’il l’est encore aujourd’hui.

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org