Lagardère, un cas d’école : Arnaud obtient ce qu’il veut … Pour l’instant !

Lagardère, un cas d'école : Arnaud obtient ce qu'il veut..Pour l'instant !

Après plusieurs mois de lutte, les combattants sont parvenus à un accord. La commandite va bientôt céder la place à une SA, mais Arnaud Lagardère reste aux commandes et empoche, au passage, de quoi payer largement ses dettes personnelles. Autour de 200 millions d’euros !

Alors même que Lagardère SA va droit au casse pipe. La faute à sa branche Retail dont le chiffre d’affaires s’est effondré. Pas si mal pour quelqu’un que beaucoup considéraient comme un fils à papa, peu apte à gérer l’entreprise qui lui avait été léguée.

Que s’est-il donc passé ? 

Reprenons. Tout d’abord, l’accord de cessez-le-feu entre les bélligérants a fait l’objet d’un communiqué publié le 28 avril. Ce dernier est succinct, mais il dit l’essentiel :

  • Tout le monde est d’accord pour que la prochaine AG, prévue en juin, transforme la commandite en SA. C’est le plus gros point. Et, ceci avec des contreparties.

 

 

  • Et tout le monde est représenté dans le futur conseil d’administration. A hauteur du montant des parts sociales détenues par chacun, comme il se doit. De ce fait, avec le plus gros montant, Vivendi, autrement dit, Bolloré, récupère 3 sièges sur les 11 que va compter le nouveau CA.

Et son ex-adversaire, la Financière Agache, autrement dit, Bernard Arnaud, n’en aura qu’un. Même chose pour l’allié de la dernière heure de Bolloré, le fonds Amber, de Joseph Ourghoulian. il n’en aura qu’un aussi. Bien qu’étant le deuxième plus gros actionnaire, avec 20 % des parts.

 

Et Arnaud Lagardère, là dedans ? Pour avoir cédé sa commandite, il reçoit un dédommagement, payé sous forme d’actions nouvelles, valant plus de 200 millions d’euros. Et, ce n’est pas tout.

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Avec ces actions nouvelles, sa participation dans le nouveau groupe en fait, avec 14 % des parts, le 3ème actionnaire. A ce titre, il se voit attribuer 3 sièges dans le nouveau conseil. Le même nombre de sièges que Vivendi, mais avec une participation deux fois plus petite !

Est-ce tout ? 

Non, Arnaud Lagardère sera le PDG du nouveau groupe et cela pendant, au moins, 6 ans. Comme chacun sait, les PDG ça va, ça vient. Oui, mais là, Arnaud a pris ses précautions.

Tout ce qui touche au PDG, rémunération ou révocation, doit faire l’objet d’un vote à la majorité qualifiée des 2/3. Autrement dit, pour toucher au statut du PDG, il faudra avoir l’assentiment de 8 administrateurs sur 11. Vu la configuration du nouveau conseil, ce n’est pas demain la veille.

 

La stratégie du succès ?

Alors comment en est-on arrivé là ? Comment Arnaud Lagardère a-t-il pu tirer si bien les marrons du feu à son avantage, alors qu’il était dans une position extrêmement défavorable ?

Deux facteurs ont joué. Le premier, c’est le premier chevalier blanc à être entré dans la danse. Celui là même qui a été appelé par Arnaud Lagardère au moment où les choses commençaient à mal tourner pour lui. C’est-à-dire, Nicolas Sarkozy, l’ex-Président de la République et désormais, membre du conseil de surveillance de Lagardère.

Il a su user de tout son entregent pour amener les belligérants autour de la table de négociation. Vu le résultat, c’était très bien joué.

L’autre facteur. Eh bien, c’est Arnaud Lagardère, lui-même. Jusqu’à la dernière minute, il a su garder la main.

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Autrement dit, il a su faire comprendre à ses gros actionnaires qu’à défaut d’une entente, selon ses termes, il allait se tourner vers l’Etat et lui demander de transformer son aide financière en participation au capital. C’est que ce dernier n’a pas vraiment envie que le groupe finisse par couler corps et biens. 

Bref, Arnaud Lagardère a su profiter de ses difficultés mêmes pour emporter la mise.

 

Quelles sont les perspectives ?

Avec la transformation de la commandite en SA, certes le groupe est opéable et l’actionnariat peut évoluer. Mais, c’est déjà une autre histoire. Quant à la situation personnelle d’Arnaud Lagardère, elle va dépendre de sa capacité à éviter une cabale qui réunirait 8 administrateurs sur 11 contre lui.

Gageons que dans cette affaire, le chevalier blanc Nicolas Sarkozy a encore un rôle à tenir. 

Arnaud Lagardère peut donc être satisfait et comme il le dit si bien : 

C’est un changement voulu et assumé de ma part sans aucun regret

On le comprend.

Marc Duteil Journaliste NewsFrance.org
Journaliste, Pigiste | Plus de publications

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.

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Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.

Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org

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