Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie qualifie de « catastrophe du siècle » le gel de cette semaine qui a ruiné les jeunes bourgeons de nos arbres fruitiers. En France, comme dans nos pays voisins, les arbres fruitiers ne donneront pas beaucoup de fruits cet été à cause du gel tardif de cette semaine. Nous allons voir ici, un autre effet collatéral: l’intoxication de la population.
Arrosage contre le gel.
Pour lutter contre le gel, les professionnels utilisent deux méthodes diamétralement opposées. La première consiste à arroser. Pendant la nuit, les tuyaux d’arrosage dispersent de fines gouttelettes sur les cultures.
En effet cette méthode semble absurde, mais cela permet de former une sorte d’igloo, une enveloppe, autour du bourgeon qui le protège des températures trop basses et des « brûlures ».
Brasero contre le gel.
Dans la deuxième technique, les agriculteurs réchauffent l’atmosphère à l’aide du feu. Ils utilisent des bougies pour les cultures relativement basses, (souvent pour les vignes). Et des braseros pour les cultures plus hautes, tels les arbres fruitiers.
À Lavaur, les arboriculteurs ont mis le feu à 200 tonnes de paille à l’aide de gazole cette semaine.
Un incendie qui provoque des intoxications.
Ainsi, dans le Tarn, pour lutter contre les gelées désastreuses de cette semaine, dans la nuit de mardi à mercredi, les producteurs de pommes allument des feux en brûlant de la paille et du gazole. Ce mélange toxique forme une épaisse fumée opaque visible encore en journée. L’absence de vent favorise la création de cet épais nuage et l’intoxication des habitants voisins.
On déplore 21 habitants intoxiqués, et certains même hospitalisés. Dont Pierre Imbert qui est très en colère contre les agriculteurs, il souffre de problèmes respiratoires dû à son intoxication au dioxyde de carbone.
D’importants moyens ont été mobilisés.
Pour maîtriser l’incendie, il a été nécessaire d’engager 8 véhicules et 32 sapeurs-pompiers. Plus 4 ambulances, pour secourir les personnes intoxiquées par les dégagements de fumées. Plus 12 militaires de la gendarmerie, pour sécuriser l’opération avec l’aide des policiers municipaux de Lavaur.
Les élus municipaux cherchent un compromis.
Les élus municipaux, dont le maire de Lavaur Bernard Carayon, veulent trouver un compromis entre la sauvegarde des cultures et le respect des règles sanitaires. Les agriculteurs demandent des subventions pour s’équiper contre le gel (méthodes de protection des cultures) mais ne respectent pas scrupuleusement les réglementations de l’Etat.
Que dit la loi ?
Le règlement sanitaire départemental accepte les foyers de plein air servant à assurer la protection des cultures et vignobles contre les gelées. Mais il précise que les combustibles de nature à provoquer des fumées opaques ne doivent pas alimenter ces feux. Interdiction aussi aux produits de combustion toxique.
Garde à vue.
À la suite de cet incendie, la police place le directeur du Domaine de Fontorbe en garde à vue. Pour « mise en danger d’autrui » et « blessures involontaires ».
De plus, les cuves de fioul ont été mises sous scellés. Effectivement, l’infraction a été réitérée dans la nuit de mardi à mercredi, à plus petite échelle.
A l’heure du réchauffement climatique, est-il toujours raisonnable d’utiliser des feux extérieurs pour réchauffer l’air ?
A quel prix doit-on sauver nos pommes pour que nos agriculteurs survivent et qu’on puisse manger local ?

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org