Si la monarque au règne le plus ancien de Grande-Bretagne occupait une place particulière dans le cœur des Français, un lieu de la capitale française était particulièrement cher à son cœur. Les hommages pleuvent désormais dans un marché aux fleurs du centre de Paris, récemment renommé en l’honneur de la reine Elizabeth II.
Une amitié de longue date
La défunte reine, décédée jeudi à l’âge de 96 ans, a visité la France plus que tout autre pays étranger. Rencontrant les 10 présidents français qui se sont relayés au palais de l’Élysée pendant ses 70 ans sur le trône.
Elizabeth II maîtrisait notre langue. Aimait notre culture et touchait nos cœurs,
a déclaré Macron en anglais dans un message vidéo vendredi.
Nous sommes reconnaissants de sa profonde affection pour la France.
La reine a effectué la dernière de ses cinq visites d’État en France en 2014, à l’occasion du 70e anniversaire du débarquement. S’arrêtant à Paris à la fin du voyage, elle a inauguré une plaque dans un marché aux fleurs désormais rebaptisé en son honneur.
Les Britanniques ont un faible pour les fleurs et la reine en particulier,
explique Mélissandre Somenzi, brandissant une photo de la reine visitant son stand, accompagnée de l’ancien président français François Hollande et de la maire de Paris, Anne Hidalgo.
La reine aimait la France et la France l’aimait en retour.
Un destin hors du commun
Elizabeth, encore princesse, était âgée de 22 ans lorsqu’elle a visité pour la première fois ce marché aux fleurs dans le centre de Paris en 1948. Un an après son mariage. Elle gardera un bon souvenir du petit marché pittoresque de l’île de la Cité, à quelques pas de la cathédrale Notre-Dame.
« Je l’imagine toujours comme elle était ce jour-là. Comme si elle était juste devant moi », raconte Françoise, une habituée du marché, se souvenant de sa rencontre fortuite avec la jeune Elizabeth. Alors adolescente, Françoise avait donné rendez-vous à ses camarades de classe sur les bords de Seine, ignorant que la future reine d’Angleterre remonterait le fleuve, enceinte de son premier fils Charles.
« Il y avait tellement de monde le long de la Seine, je n’ai jamais retrouvé mes amis », se souvient-elle. « Mais j’ai vu la reine à la place ! Je ressens beaucoup de chagrin aujourd’hui. En fait, je pense que le monde entier est en deuil. »
A quelques pas de là, les Britanniques Anne et sa fille Mary Jane ont cherché en vain la plaque dévoilée par la reine en 2014, qui a depuis été volée, selon des commerçants locaux. Elles se contenteront d’une autre enseigne plus discrète, face à la Seine, qui porte également le nom d’Elizabeth.
« J’adore ce petit marché, c’est très doux, comme un jardin anglais au coeur de Paris », explique Anne, qui a voyagé avec sa fille depuis leur domicile en banlieue parisienne afin de rendre hommage à la reine. « Nous avons senti que nous devions venir ici. »
Nous en serions venus à penser qu’elle était invincible.
Bien que moins touché par la mort de la reine, le marchand de fleurs local Michel Hugot a déclaré que son décès marquait la fin d’une époque, laissant un étrange sentiment de vide.
Il y a beaucoup de reines dans le monde, mais quand on dit « la reine », on pense immédiatement à elle.
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi Elizabeth II était si populaire en France, il a suggéré que c’était peut-être parce qu’elle était à la fois francophone et francophile. A cause de sa longévité, ou parce qu’elle n’était pas notre propre reine. Après tout, nous avons guillotiné Marie-Antoinette !
Lorsque la reine avait visité le marché en 2014, Hugot avait pris soin de décorer sa boutique des plus belles plantes et fleurs, qu’il avait refusé de donner les jours précédents. Impossible pour les clients de les acheter avant que la reine ne les aient vues !
De ce moment, Hugot se souvient de la frénésie et de l’excitation du moment. Et de la sérénité contrastée qu’Elizabeth dégageait.
Elle est restée calme et souriante tout au long. C’est ce regard qui restera avec nous longtemps après sa mort.

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org