Aux premières heures de samedi à dimanche, une caméra filme des hommes armés en train de déplacer un homme de 27 ans dans un parc automobile à Marseille. Quelques heures plus tard, la police découvre son corps. Il est carbonisé parmi les restes de cigarettes encore fumantes dans le véhicule. Selon l’autopsie, la victime était en vie lorsque l’incendie s’est déclaré
Depuis le mois de juin, la ville phocéenne connaît une explosion de violence
Deux autres personnes sont tuées la même nuit dans une fusillade, dans un autre quartier de la deuxième ville de France. Un garçon de 14 ans a été abattu dans un point de distribution de drogue, quelques jours plus tôt. Un autre adolescent du même âge a été blessé.
Les règlements de compte à Marseille ne sont pas rares. Cependant, la spirale de violence enregistrée cet été semble nouvelle. Le plus choquant est la jeunesse même de certaines des victimes. Les marseillais alertent et sollicite l’aide de Paris pour résoudre un problème qui transcende tant leurs hommes politiques que les systèmes judiciaire et policier.
Manque de moyens face aux gangs armés
Benoît Payan, maire de la ville, déplore le manque de moyens de la justice locale et de la police:
Une kalachnikov, à Marseille, ça coûte quelques 50 euros, et ce n’est pas acceptable
déclare-t-il ce week-end. Il exige des mesures concrètes du gouvernement.
Le président Emmanuel Macron prévoit une visite à Marseille prochainement. Il devrait accorder davantage d’aides en matière d’éducation, de transports et de sécurité. Selon des sources officielles de certains de ses ministres, ils assurent que les moyens arrivent déjà.
Mardi, lors d’une visite dans la ville portuaire, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti s’est montré « favorable » aux revendications « légitimes et nécessaires » des magistrats suppléants pour Marseille. Même s’il a rappelé que les moyens judiciaires avaient été augmentés depuis un an.
De son côté, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, confirme plus de moyens pour combattre la drogue. Tout en reconnaissant qu’
il y a sans doute plus à faire
Il estime que la montée récente était le reflet du
travail de la police et de la justice, qui ont emprisonné les grands barons de la drogue, ce qui a conduit à une « guerre territoriale »
comme le rapporte France Info.
Accélération de violence depuis juin à Marseille
Lundi, le procureur de Marseille Dominique Laurens révèle
Depuis le 15 juin il y a eu une accélération, une explosion des dossiers
On enregistre cette année 2021 déjà 15 décès dus à des règlements de comptes à Marseille. Soit près du double de 2020. 12 sont survenus au cours des deux derniers mois.
Plus que le nombre, c’est surtout l’âge des victimes qui choque. Un juge proche de l’affaire du 19 août, qui a tué un mineur et blessé son ami a confirmé qu’ils avaient tous les deux
bien l’air d’avoir 14 ans, pas 16 ou 18 ans
Les auteurs savaient qu’ils tiraient sur des enfants.
Depuis les pages d’une tribune intitulée « Génération sans avenir« , l’adjointe au maire de la ville, Samia Ghali, a également appelé lundi à une plus grande attention de l’État. Ces violences ciblent de plus en plus les jeunes
victimes collatérales de la guerre des cartels qui prennent toute la ville en otage. et qui ont pour but, clairement, de terroriser les habitants et les institutions.
Face à cette situation
L’Etat doit-il intervenir pour renforcer les quartiers et permettre aux jeunes et à leurs familles de jouir de toutes leurs libertés ?
Selon Samia Ghali, cela nécessite un comité interministériel d’urgence sur la sécurité pour élaborer une stratégie globale. Car, elle prévient :
Sans sécurité, sans éducation, il n’y a pas d’espoir ni de liberté totale, et donc pas de République