Covid-19 : Les ravages de la perte d’odorat

Hélène Barre, 35 ans, a perdu son odorat lorsqu’elle est tombée malade de la Covid-19 en novembre. Une maladie connue sous le nom d’anosmie. Et qui s’accompagne souvent de la perte du goût : « l’agueusie ».

La récupération est lente. Désormais, les cacahuètes ont la même odeur que les crevettes, le jambon cru que le beurre, le riz que le Nutella. Quant aux odeurs de brûlé… Elles sont à peine perceptibles.

 

L’odorat : Un outil de travail

Ces symptômes seraient assez inquiétants pour n’importe qui. Mais, Hélène Barre est œnologue. Sa carrière, son salaire, sa passion, tout dépend d’une chose : son odorat.

Mon odorat, c’est mon meilleur moyen de détecter les problèmes,

déclare t-elle, depuis la cave coopérative à Limoux, non loin de Carcassonne, où elle travaille.

« Nous l’utilisons pour décrire le vin, mais aussi pour l’analyser et l’évaluer. »

 

Pour des millions de personnes dans le monde, l’anosmie est désormais un signe natif de la Covid-19. Souvent associé à l’incapacité de détecter autre chose que les saveurs de base telles que la salinité. Un inconvénient à priori mineur face aux symptômes plus graves de la maladie, et pourtant.

Pour les sommeliers, les parfumeurs, les œnologues… L’odorat a tout d’un art, d’une véritable compétence pour déceler les notes d’agrumes dans un parfum ou analyser une cuvée de Bordeaux. Et la peur de la fin de carrière peut être extrêmement vive.

Bien sûr, Hélène Barre est toujours en mesure d’effectuer d’autres travaux à la coopérative. Mais lorsque est revenue la saison des vendanges, difficile pour elle de contribuer à la dégustation et à la validation des vins.

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C’est très stressant de me demander ‘Demain, si je n’ai pas récupéré mon odorat, que vais-je faire ? Je n’ai toujours pas de réponse à cette question.

Au total, près de 40% des personnes infectées ont déclaré avoir été professionnellement affectées par des troubles de l’odeur ou du goût. Des symptômes parfois difficiles à admettre par peur de nuire à leur image.

Nous ne disposons pas encore d’outils de mesure très précis,

a déclaré Sophie Pallas, directrice générale de l’Union des Œnologues de France. « Les capacités de base reviennent rapidement, mais il faut bien plus de temps pour que le nez retrouve toutes ses facultés. »

Dans un univers très concurrentiel, les « nez » indissociables du secteur de la parfumerie peuvent rapidement être placés sur la sellette. Pour autant, les professionnels chevronnés atteints d’anosmie peuvent toujours inventer la formule d’un parfum, l’expérience leur indiquant ce que donnent les associations de senteurs. Tout comme Beethoven a pu composer de la musique vers la fin de sa vie, malgré sa surdité.

De même, les sommeliers savent instinctivement quels vins et mets s’accorderont bien. Difficile cependant de travailler sur de nouveaux grands crus, et de faire preuve d’un peu d’audace.

 

Un stress croissant pour les étudiants

Une vraie source de stress pour les étudiants souhaitant décrocher de précieux stages pour poursuivre leur carrière.

Lorsque Louane Cousseau, étudiante en deuxième année à l’École Supérieure du Parfum, a attrapé froid en avril dernier, elle s’est préparé une inhalation de thym mais son odorat ne lui a pas permis de la sentir. Elle s’est dirigée vers son réfrigérateur pour y saisir une poignée de basilic : rien. C’était la Covid-19.

Ma mère a eu les larmes aux yeux.

La récupération a été lente, et l’examen de fin d’année plutôt difficile : un test d’odeur à l’aveugle.

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Son école lui a suggéré de travailler avec Olga Alexandre, neurologue et instructrice qui utilise les odeurs pour aider les patients à faire face à des maladies graves ou à des troubles psychologiques.

Nous utilisons ce sens si souvent et si inconsciemment que nous ne savons pas du tout à quel point il est important.

Lors d’un test matinal, Louane Cousseau a correctement reconnu le poivre noir, mais a confondu l’orange amère et la mandarine. Quant à l’ananas, au concombre et aux cèpes, impossible de les déceler. Face à son anxiété, l’étudiante est parvenue à garder une attitude positive.

« J’ai rapidement décidé d’en parler à l’école, parce que je savais qu’on pourrait m’aider. Tous les étudiants ne se sentent pas aussi à l’aise. »

 

Des professionnels stigmatisés

Mathilde Ollivier, 33 ans, œnologue indépendante qui conseille les vignerons du Val de Loire, s’est rendue compte un matin de février qu’elle ne pouvait pas sentir l’odeur de son gel douche. Elle a suivi un programme d’entraînement et après quelques semaines, s’est sentie suffisamment en confiance pour retourner au travail.

Mais un collègue a redouté qu’elle n’ait parlé à ses clients de sa maladie. Un autre lui a reproché de s’être confiée aux médias locaux. Pour Mathilde pourtant, la transparence est cruciale pour maintenir la confiance durement gagnée de ses clients.

Issue d’une longue lignée de vignerons, la jeune femme s’est rappelée de souvenirs d’enfance associés au vin et aux repas de famille. Elle devrait bientôt être la huitième génération à reprendre le vignoble familial, bien que ses projets aient été temporairement repoussés.

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Travailler au vignoble sans pouvoir sentir mes propres vins, c’est impossible. Quand votre travail est votre passion, il est difficile pourtant d’imaginer faire autre chose. 

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