En ordonnant aux troupes russes d’entrer en Ukraine, le président Vladimir Poutine a clairement indiqué que sa véritable cible allait au-delà de son voisin. C’est à terme « l’empire du mensonge » américain qui est visé. Avec la menace de « conséquences encore jamais subies dans l’Histoire » occidentale, pour quiconque tenterait d’interférer.
Il faut dire que la Russie reste l’un des États nucléaires les plus puissants, et possède l’avantage dans plusieurs armes de pointe. Des faits que Poutine s’est empressé de rappeler au monde.
Le refus de toute intervention militaire
Compte tenu de l’arsenal nucléaire de la Russie, tout agresseur potentiel fera face à une défaite et à des conséquences inquiétantes s’il attaque directement notre pays. Toutes les décisions nécessaires ont été prises à cet égard.
L’entrée de Poutine en Ukraine et sa menace nucléaire à peine voilée ont d’ores et déjà fait voler en éclat la sécurité illusoire de l’Europe. Et la présomption de paix avec laquelle nous vivions depuis plusieurs générations. Le projet européen d’après-guerre, à l’origine source de stabilité et de prospérité, est entré dans une nouvelle phase, incertaine et conflictuelle.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par Poutine, bien des dirigeants occidentaux ont pourtant fait le pèlerinage jusqu’à Moscou, pour tenter de faire revenir le président russe à la raison. Les Américains proposent essentiellement un retour au contrôle des armements. Emmanuel Macron se dit prêt à envisager une nouvelle architecture de sécurité si Poutine n’est pas satisfait de l’ancienne.
La croyance, peut-être naïve, de Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz dans la possibilité de raisonner Poutine suggère pourtant un véritable gouffre entre deux mondes. Les négociations ont tourné court.
Une Europe vulnérable
Macron déclarait jeudi que Poutine avait « décidé de provoquer la violation la plus grave de la paix et de la stabilité dans notre Europe depuis des décennies ». Celle des Ukrainiens, dont la liberté fait écho à la nôtre.
Pour autant, aucun pays européen, ni les États-Unis, ne mettra de vies en danger pour cette liberté. Le président Biden, qui a déclaré que Poutine « avait choisi une guerre préméditée qui apportera une perte catastrophique de vies humaines et de souffrances », a assuré qu’aucune troupe américaine ne serait envoyée en Ukraine. Ses alliés européens ont adopté la même position.
Nous avons clairement indiqué que nous n’avions aucun plan ni aucune intention de déployer des troupes de l’Otan en Ukraine,
déclarait jeudi Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’alliance.
La question est alors de savoir comment contribuer à rétablir la paix.
« Le discours sur le nucléaire est inquiétant », admet Stephen Walt, professeur d’affaires internationales à la Kennedy School de Harvard. « Mais j’ai du mal à croire qu’un dirigeant mondial, y compris Poutine, envisagerait sérieusement d’utiliser des armes nucléaires dans n’importe lequel des scénarios que nous avons ici. Pour la simple raison qu’ils connaissent parfaitement les conséquences. »
L’Europe centrale et les États baltes, véritable ligne de front de l’OTAN contre la Russie, vivront avec un sentiment de menace crédible pendant un certain temps.
La Russie veut l’insécurité en Europe parce que la force est son atout.
Immédiatement après l’invasion russe, les trois États baltes et la Pologne ont déclenché l’article 4 du traité fondateur de l’alliance. Celui-ci permet aux membres de tenir des consultations lorsqu’ils estiment que leur intégrité territoriale est menacée. L’OTAN s’est donc réunie en session d’urgence.
La Russie a plus de moyens d’influer sur le résultat à court terme. Mais la tendance commence à changer si le conflit se prolonge. À ce stade, la résolution et les capacités commencent à revenir en la faveur de l’Ukraine. Quant à la probabilité d’une guerre nucléaire, les chances qu’elle se produise restent infiniment faibles. Bien qu’elles soient plus grandes qu’hier.