La Lituanie ainsi que d’autres pays savaient bien que la Chine contrôlait étroitement ce que ses habitants pouvaient lire et écrire sur internet. Mais cela ne s’arrête pas là. Les Lituaniens ont découvert qu’un téléphone populaire chinois et vendu dans le pays balte avait une caractéristique cachée, mais dormante. Un registre de censure de 449 termes interdits par le Parti communiste chinois. L’affaire ne devrait pas arranger les relations entre la Chine et la Lituanie.
La Lituanie jette les téléphones portables chinois à la poubelle
Le gouvernement lituanien a rapidement conseillé de jeter les téléphones. Provoquant ainsi, la colère de la Chine.
Furieux, Pékin a rappelé son ambassadeur. La Chine a interrompu un train de marchandises chinois en Lituanie. De plus, elle a rendu presque impossible pour de nombreux exportateurs lituaniens de vendre leurs marchandises en Chine.
Les médias chinois s’acharnent contre la Lituanie. Ils se moquent de sa petite taille et l’accuse d’être « l’avant-garde anti-chinoise » en Europe.
Évidement, sur le champ de bataille géopolitique, la Lituanie contre la Chine n’est pas un combat équitable. D’un côté, la petite nation balte de 3 millions d’habitants. De l’autre côté, la Chine, une superpuissance montante de 1,4 milliard d’habitant.
L’armée lituanienne n’a ni chars ni avions de combat. Avec une économie 270 fois plus petite que celle de la Chine.
Mais, la Lituanie a prouvé que même un petit pays pouvait gêner une superpuissance. En effet, la Lituanie a fait suffisamment de bruit pour que les membres de l’Union européenne discutent de ce sujet lors d’une réunion la semaine prochaine. Rien ne pourrait être pire pour Pékin que d’autres pays qui suivraient l’exemple de la Lituanie.
Les menaces de Pékin n’ont pas affaibli la détermination du gouvernement lituanien. Dans une interview, le ministre des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, déclare que le pays avait :
Une politique étrangère fondée sur des valeurs. « consistant à » soutenir les personnes soutenant les mouvements démocratiques.
La Lituanie, une cible facile
Les autres pays européens se déclarent fidèles aux valeurs démocratiques.
Le ministre des Affaires étrangères déclare que la Lituanie est une cible facile car de petite taille. La stratégie de la Chine consisterait à choisir des ennemis bien en dessous de leur taille, de les attirer dans le ring puis de les battre par K.O.
Désireux d’éviter de se faire matraquer, M. Landsbergis s’est rendu à Washington ce mois-ci et a rencontré le secrétaire d’État Antony Blinken. Celui-çi a promis :
Un soutien américain à toute épreuve à la Lituanie face à une tentative de coercition de la République populaire de Chine.
Malgré sa petite taille, la Lituanie occupe une place étonnamment importante dans les calculs chinois, a déclaré Wu Qiang, analyste politique à Pékin. Et ce, en partie à cause de son rôle de couloir de transit pour les trains transportant des marchandises de la Chine vers l’Europe.
Le fossé entre les deux pays provient de nombreuses sources. Par exemple, une volonté de Taïwan de rallier un soutien politique. Ainsi que les élections lituaniennes de l’année dernière qui ont porté au pouvoir un nouveau gouvernement de coalition dominé par le parti conservateur pro-américain de M. Landsbergis et des libéraux défendant des droits de l’homme.
Méfiance des européens en vers la Chine
Les sondages d’opinion du Conseil européen des relations étrangères indiquent que la plupart des Européens ne veulent pas d’une nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Chine. Mais ils montrent aussi une méfiance croissante envers la Chine.
Frank Juris est chercheur à l’Institut estonien de politique étrangère. Il suit les activités chinoises en Europe. Il déclare :
Il y a un changement d’humeur général. Les promesses ne se sont pas concrétisées et les pays en ont assez d’être constamment menacés du fouet.
Ce fouet dont-il parle, s’abat maintenant durement sur la Lituanie, membre de l’Union européenne et également de l’OTAN.
Particulièrement après l’annonce de la Lituanie en juillet qu’elle avait accepté une demande de Taïwan d’ouvrir un « bureau de représentation taïwanais » à Vilnius.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a accusé la Lituanie de franchir la « ligne rouge ». Et, l’a vivement invité à « rectifier immédiatement sa mauvaise décision » et à « ne pas s’engager davantage sur la mauvaise voie ».
En effet, d’autres pays, dont l’Allemagne et la Lettonie voisine, ont des bureaux taïwanais similaires. Mais, pour éviter de froisser Pékin, ils représentent officiellement Taipei, la capitale de Taïwan. Et non, Taïwan, puisque la Chine ne reconnait pas le pays.
De plus, en mai, la Lituanie se retire d’un forum diplomatique regroupant la Chine et 17 pays d’Europe qui promeut l’initiative « Belt and Road » de M. Xi. Un programme d’infrastructure de plusieurs milliards de dollars.
un téléphone avec une liste noire
Du point de vue de la Chine, la publication du rapport sur les téléphones portables fabriqués en Chine par le Centre de cybersécurité du ministère de la Défense lituanien était une provocation supplémentaire.
Le registre de censure était caché dans les téléphones. Il permet la détection et la censure de phrases telles que « mouvement étudiant », « indépendance de Taïwan » et « dictature ».
La liste noire, qui se met automatiquement à jour pour refléter l’évolution des préoccupations du Parti communiste, est en sommeil dans les téléphones exportés vers l’Europe. Cependant, selon le cybercentre, l’outil de censure pourrait être activé en appuyant simplement sur un interrupteur depuis la Chine.
Le registre « est choquant et très préoccupant », a déclaré Margiris Abukevicius, vice-ministre de la Défense chargée de la cybersécurité.
Le fabricant des téléphones chinois en question, Xiaomi, affirme que ses appareils « ne censurent pas les communications ».
Le Global Times, un média nationaliste contrôlé par le Parti communiste chinois, a ridiculisé le rapport lituanien. Il le qualifie de « nouveau truc », par un petit « pion » dans l’agenda anti-Chine de Washington.
La Lituanie a pris « une décision géopolitique claire » de se ranger résolument du côté des États-Unis, un allié de longue date.

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org