François Hollande, ancien président de la république, est appelé à témoigner dans le grand procès des attentats djihadistes du 13 novembre 2015 à Paris. Il fait part de son analyse.
François Hollande, président lors des attentats de Paris
Partagé entre les préoccupations d’aujourd’hui, avec le retour des talibans et les attentats de l’époque. Il était président de la France lors des pires attentats islamistes de l’histoire du pays, il y a près de six ans. Les attentats du 15 novembre font fait 131 morts, des centaines de blessés et un pays traumatisé.
Au cours de son mandat (2012-2017), le socialiste a ordonné des opérations militaires internationales contre des cibles extrémistes. Dont le Mali en 2013, qui a mené l’actuelle opération Barkhane au Sahel. Et l’opération Chammal en Irak et en Syrie contre des objectifs de l’État islamique.
Dans le même temps, Hollande a décidé en 2014 de retirer les troupes françaises d’Afghanistan. Afghanistan qui s’est maintenant complètement effondré après le départ américain.
Les attentats du 11 septembre aux États-Unis et du 13 novembre à Paris ont changé le monde.
François Hollande analyse l’actualité.
D’après François Hollande l’Afghanistan n’était qu’un État fictif
Ce qui manquait en Afghanistan, c’est une stratégie globale. Les États-Unis ont créé un État fictif avec une armée restée sur place. Les Américains auraient dû faciliter les transferts et fixer une date de retrait.
L’accord de Trump avec les talibans à Doha était une grosse erreur. Joe Biden n’a pas arrangé les choses en reconnaissant l’erreur de Trump. Cela a presque donné aux talibans carte blanche pour agir. Ce n’est pas le retrait qui est discutable, mais le processus sans conditions ni garanties.
D’après François Hollande, les talibans ont retenu la leçon. Ils ne sont pas sur le point de reprendre le terrorisme à l’échelle mondiale. Ce qu’ils veulent, c’est ré-instaurer la sharia sur leur territoire. À ce jour, ils ne seraient pas intéressés pour intervenir en Occident. Car ça les obligerait à reculer à nouveau.
Toujours d’après d’après François Hollande, l’opération au Sahel est encore justifiée
Ce qui s’est passé en Afghanistan devrait le confirmer! Une opération étrangère peut être une simple boucle fulgurante : on atteint, on détruit, on sort. Sans rien comprendre au phénomène terroriste islamique, qui cherche à s’enraciner dans la population. Mais aussi, contrôler le trafic illicite, et semer la terreur et agresser la population civile.
Le résultat souhaité ne pourra pas être donné si vous partez dès votre arrivée. La durabilité ne garantit pas non plus que le terrorisme sera éradiqué, mais au moins l’armée est là.
L’Europe doit comprendre qu’elle doit aider ces pays. La France ne peut pas être seule au Sahel. Leur retrait ouvrirait la voie à des groupes terroristes qui pourraient contrôler des territoires entiers demain.
Mais la situation n’est pas la même en Afghanistan et au Sahel. Au Sahel, on peut dire que les États sont faibles, mais ils existent. En Afghanistan, l’État était presque artificiel. La preuve, c’est qu’il a chuté rapidement. Or ce n’est pas ce qui se passe dans les pays africains du Sahel.
L’espoir du printemps arabe anéanti
Toujours d’après François Hollande, nous sommes confrontés à un dilemme. Soit, nous devenons indifférents et lâches, au risque de devenir nous même des victimes. Ou nous aidons ces pays, même si nous ne pouvons pas changer la nature de ce qui se déroule, ni leurs causes.
François Hollande pense que la première option est la pire. L’inaction, l’inertie, l’indifférence font que nous vivons dans un bunker dans notre propre pays. Dans l’espoir qu’il ne nous arrivera rien.
Si les pays démocratiques n’aident pas les pays souffrants, frappés par des conflits et opprimés par l’islam, nous serons ressemblerons alors à la Russie, la Turquie, l’Iran ou la Chine. Ces pays sont-ils démocratiques ?
Pouvons-nous craindre des violences extrémistes ?
Toujours d’après François Hollande, l‘État islamique, en tant qu’organisation, a été en grande partie détruite !
Même si cela ne vous empêche pas d’agir au-delà du cadre syro-irakien, l‘État islamique est toujours présent au Sahel, en Somalie, au Mozambique ou en Afghanistan. C’est la preuve que nous ne pourrons peut-être pas gagner la guerre. Mais nous pouvons gagner au moins une bataille importante.
Nous n’avons pas fini avec le terrorisme islamique ! Il en existe d’autres, avec des attaques plus ciblées, plus locales, individuelles, mais qui peuvent avoir des conséquences terribles. Comme on l’a vu avec le meurtre de l’enseignant Samuel Paty ou de prêtres. Mais ce n’est plus la même organisation, avec toutes ses conséquences et ses réseaux.
La réponse au terrorisme est la démocratie
La réponse au terrorisme est la démocratie. C’est-à-dire les lois qui permettent une protection dans le cadre de la loi. Mais aussi, les processus qui permettent aux auteurs de condamner des actes horribles. La démocratie est plus forte que le terrorisme et c’est ce que nous devons démontrer.
François Hollande va devoir s’expliquer lors du procès qui commence. Il est appelé comme témoin.
Pourquoi a-t-il décidé, au nom de la France, et plus tard du Parlement, d’envoyer des forces au Mali et au Sahel, puis en Irak et en Syrie, pour attaquer le terrorisme international ? Terroristes qui nous attaquaient déjà et qui mettait des populations sous une horreur absolue.
Bien sûr, les terroristes menaçaient de punir la France. Mais il y a aussi eu des attentats dans des pays qui n’ont organisé aucune intervention étrangère, comme l’Allemagne. Le terrorisme frappe partout ! Et plus encore, il frappe d’abord les musulmans dans de nombreux pays du monde.

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org