Le groupe de bénévoles, Channel Rescue, a été créé l’année dernière pour surveiller les bateaux remplis de demandeurs d’asile essayant de traverser la Manche. Il leur offre un soutien humanitaire lorsqu’ils accostent sur les plages. Avec des couvertures, de l’eau ou des couvertures de survie.
Mais ils surveillent également l’autorité frontalière britannique pour toute violation possible des droits. Cela alors que le gouvernement adopte une ligne dure en matière de migration.
Interprétation du droit pour permettre des manœuvres de refoulement dans la Manche
Pendant une grande partie de l’année, le nombre de migrants traversant la Manche en canots a augmenté. Surmontant ainsi une tempête politique de plus en plus dure pour repousser les bateaux vers la France.
La ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, a demandé aux fonctionnaires de son ministère de réécrire l’interprétation par le Royaume-Uni du droit maritime international. Ceci afin de permettre l’interception des bateaux transportant des migrants dans la Manche.
La proposition n’a pas encore été mise en œuvre. Mais, elle a ravivé le débat national sur l’immigration. Et créé une nouvelle querelle diplomatique entre la Grande-Bretagne et la France.
Dont les relations sont déjà tendues après le Brexit, sur des questions liées à l’inclusion des droits de pêche mondiaux et des intérêts stratégiques.
Des groupes de défense des droits et des experts en immigration affirment que l’approche du gouvernement est exacerbée par la situation. Et pourrait ainsi mettre les migrants en danger, dont beaucoup fuient la pauvreté et la violence.
Le Kent, depuis des siècles est un lieu d’accueil pour les personnes fuyant les difficultés. Effectivement, c’est le premier point de défense lorsque le torchon brûle avec l’Europe. Pourtant, le conflit paraît imminent.
L’extrême droit attise le sentiment anti-immigré
Des militants de droite sont venus sur la côte pour attiser le sentiment anti-immigré. Mme Patel a montré la ligne dure du gouvernement en visitant un navire des forces frontalières. La semaine dernière, Channel Rescue a dénoncé ces navires qui pratiquent des manœuvres de refoulement.
Le ministère de l’Intérieur a lui refusé de commenter les exercices.
Mais les experts disent que les refoulements peuvent mettre des vies en danger. Un bateau ne peut être refoulé vers la France que si un navire français l’accepte.
Coopération pour contrôler la Manche
La France et la Grande-Bretagne coopèrent depuis longtemps pour contrôler la Manche. Jusqu’en juillet, la Grande-Bretagne acceptait de donner plus d’argent à la France pour les patrouilles. Mais sous la pression, Mme Patel a depuis menacé de suspendre le financement si les Français ne coopéraient pas avec la ligne de la Grande-Bretagne.
Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré :
La France n’acceptera aucun chantage.
La France n’acceptera :
Aucune pratique contraire au droit de la mer, ni aucun chantage financier du gouvernement britannique.
L’engagement de la Grande-Bretagne doit être tenu. Je l’ai dit clairement à mon homologue Priti Patel. Aucune pratique contraire au droit maritime.
L’amitié entre nos deux pays mérite mieux que l’affichage.
L’opposition émerge également du syndicat représentant la Force frontalière. Lucy Moreton, une responsable du syndicat, a déclaré que cela créé des difficultés pour les responsables. Effectivement, cela pourrait encourager les gens à sauter des bateaux.
Elle déclare :
Cela peut augmenter les tensions avec les migrants. Mettant en danger les migrants et les agents des forces frontalières.
Un débat national en Grande-Bretagne
Pour l’instant aucun bateau n’a jamais été repoussé. Pourtant, l’idée a déclenché un débat national sur la manière dont la Grande-Bretagne devrait accueillir les migrants. Certains médias qui ont suivi l’extrême droite ont donné des récits alarmistes.
Jusqu’à présent, le gouvernement considère qu’environ 16 300 personnes ont effectué la traversée clandestine de la Manche en bateau depuis l’Europe continentale vers l’Angleterre. Contre environ 8 500 en 2020.
Mais les experts disent qu’il n’y a aucune preuve dans les données disponibles d’une augmentation du nombre total des clandestins. Car, il faut prendre en compte les changements par rapport à d’autres méthodes d’entrée. Comme la contrebande de camions qui a diminué puisqu’il y a moins de trafic routier.
Peter William Walsh est chercheur à l’Observatoire des migrations de l’Université d’Oxford. Il a déclaré qu’un nombre croissant de personnes étaient arrivées par bateau cette année et l’année dernière, et que presque toutes ont demandé l’asile à leur arrivée. Mais les derniers chiffres officiels montrent la baisse du nombre total de demandes d’asile.
Pour le Premier ministre Boris Johnson, la meilleure façon de régler le problème est :
De s’assurer qu’ils ne quittent pas les côtes françaises.
Nous dépendons pour beaucoup de ce que les Français font.
Il renvoie ainsi la responsabilité aux Français.
En attendant, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, la semaine dernière entre lundi et mercredi, la France a réalisé onze opérations de sauvetage, au secours de 198 migrants.

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org