Nouvellement unie, la gauche française espère contrer le président lors du prochain vote

Allex, en France. Avec ses villages de pierre séculaires nichés au milieu des champs de lavande, ses montagnes et ses kilomètres de vignobles, la Drôme ressemble à une France en miniature. Ancrée dans la tradition, la région est depuis deux décennies le domaine politique du centre-droit. Mais, en pleines élections législatives, la gauche longtemps exclue voit une rare ouverture pour défier le président Emmanuel Macron.

 

L’échec de la présidentielle

Largement inexistants dans la campagne présidentielle, les partis de gauche ont forgé une alliance dans le but d’empêcher Macron d’obtenir la majorité au Parlement. Et de compliquer son nouveau quinquennat.

C’est du moins l’espoir de personnalités politiques telles que Marie Pochon, candidate locale de gauche dans la troisième circonscription de la Drôme. Où les partis de gauche ont devancé Macron à l’élection présidentielle, de plus de 10 points.

Lors d’une récente escale à Allex, Pochon a fait face à un enthousiasme qui avait longtemps échappé à la gauche dans cette partie de la France.

Continuez, nous sommes tous derrière vous !

s’est exclamée Maud Dugrand, une habitante, tandis que Pochon sonnait aux portes et distribuait des tracts.

« Notre circonscription est un laboratoire », explique Pascale Rochas, candidate socialiste locale aux élections législatives de 2017. « Si nous pouvons gagner ici, nous pouvons gagner ailleurs. »

La Drôme, en effet, c’est la France des petites villes, donnant à l’élection locale le vernis d’un concours national. 

 

Les socialistes et les communistes ont longtemps dominé les villages du sud de la Provence. Tandis que les verts et la gauche dure se sont battus pour les terres agricoles les plus économiquement menacées du nord.

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Mais la nouvelle alliance de gauche, forgée sous l’impulsion de Jean-Luc Mélenchon, tente maintenant de combler ces écarts, en s’unissant à la France Insoumise.

Mélenchon, arrivé troisième dans la course présidentielle d’avril, a décrit l’élection parlementaire comme un vote du « troisième tour ». Il a appelé les électeurs à l’élire métaphoriquement Premier ministre (celui-ci étant nommé par le président) en donnant à la coalition une majorité à l’Assemblée nationale.

L’alliance a permis à la gauche d’éviter les candidatures concurrentes. Et de présenter à la place un seul candidat dans la quasi-totalité des 577 circonscriptions de France. Augmentant automatiquement ses chances de remporter des sièges au Parlement. « La seule dynamique dans le paysage politique actuel », selon Stewart Chau, analyste politique pour la société de sondage Viavoice.

 

Depuis sa défaite à l’élection présidentielle, le parti du Rassemblement national n’a pas réussi à faire avancer le débat public autour des thèmes de l’insécurité économique, l’immigration et la criminalité. Le système de vote à deux tours, qui favorise généralement les candidats les plus modérés, conduira très probablement l’extrême droite à n’obtenir qu’un quelques dizaines de sièges au Parlement.

 

Un nouveau centre de gravité

C’est du moins ainsi que certains analysent cette récente coalition. Malgré la réélection de Macron, Mélenchon a réussi à faire passer l’idée que tout n’était pas encore joué. Les sondages donnent actuellement à la NUPES une chance de remporter 160 à 230 sièges sur les 577 sièges de l’Assemblée nationale.

Cela pourrait suffire à mettre un frein à l’agenda politique de Macron. Et a bouleverser son deuxième mandat.

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Pochon, 32 ans, militante écologiste, incarne peut-être le mieux la portée de l’alliance de gauche, même dans les zones contrôlées depuis longtemps par le centre-droit. Les enjeux économiques et sociaux sont très variés le long des axes qui traversent la troisième circonscription de la Drôme. Chacune de ses 238 communes fait face à des défis spécifiques.

 

L’insécurité économique, la pénurie de médecins et le manque de transports en commun sont les principales préoccupations des bocages du nord du département. Tandis que les villages provençaux du sud s’inquiètent de la production de lavande. Un élément clé de l’économie locale de plus en plus menacée par la hausse des températures.

Pour répondre à la variété des problèmes, Pochon a puisé dans la vaste plateforme de l’alliance, qui comprend l’augmentation du salaire minimum mensuel à 1 500 euros. Des investissements massifs dans les énergies vertes, en vue de la transition écologique. La réintroduction des lignes de petits trains, et la fin des déserts médicaux.

On assiste à l’émergence d’un environnementalisme rural. D’une nouvelle forme de gauche dans ces territoires.

Dans la Drôme, les partisans de Macron ont reconnu le défi auquel ils sont désormais confrontés. La NUPES inquiète, car elle est très présente sur le terrain. La course est serrée.

Dans les ruelles étroites d’Allex, la personnalité de Mélenchon continue toutefois à faire débat. Mais beaucoup ne peuvent cacher leur enthousiasme à l’idée que la gauche devienne la principale force d’opposition à Macron. Après cinq ans de silence presque absolu.

L’idée pour beaucoup ? Que quelque chose se produise enfin ! 

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