Squelette du général Charles Étienne Gudin : rapprochement raté entre la France et la Russie

Squelette du général Charles Étienne Gudin : pas de rapprochement entre la France et la Russie

Le général Charles Étienne Gudin a été tué en 1812 lors de l’invasion de la Russie par Napoléon. Le squelette est rapatrié en France. On aurait pu s’attendre à un faste officiel avec la présence du  président français Emmanuel Macron et de son homologue russe, Vladimir V. Poutine. Mais, rien de cela.

 

Des funérailles très symboliques ?

Les funérailles auraient pu être très symboliques. Idéales pour enterrer la hache de guerre entre les deux pays. 

Au contraire, le retour du général Gudin sur le sol français le 13 juillet a été bien moindre. Un avion privé affrété par un oligarque russe a transporté son cercueil. Le squelette a été accueilli par une petite cérémonie, dans un hangar lugubre de l’aéroport du Bourget. Les présidents étaient introuvables.

Le rapatriement n’était pas prévu à l’origine.

déclare Hélène Carrère d’Encausse, historienne française en Russie.

Ces funérailles auraient pu être une opportunité de tirer parti de l’histoire à des fins diplomatiques. Mais, ce plan a finalement été abandonné. En effet, la France n’était pas disposée à s’opposer aux politiques intérieure et étrangère de plus en plus strictes de la Russie.

M. Carrère d’Encausse, dit :

Le cas du général Gudin révèle la complexité. Ou la difficulté pour la France dans cette relation entre la France et la Russie.

Le général Charles Étienne Gudin est le favori de Napoléon. Il se distingue au combat, avant d’être touché par balle, le 19 août 1812. Alors qu’il menait l’armée française sur Smolensk, dans l’ouest de la Russie. Sa jambe gauche amputée, il est mort de gangrène trois jours plus tard.

 

Pierre Malinowski : initiateur du retour du général Charles Étienne Gudin

Le sort de sa tombe reste un mystère jusqu’en 2019. Jusqu’aux recherches de Pierre Malinowski, un passionné d’histoire amateur, qui fouille avec une équipe d’archéologues russes et français.

M. Malinowski, 34 ans, est ancien corps d’armée française et ancien collaborateur de Jean-Marie Le Pen (leader français de longue date de l’extrême droite).  Il s’est lié aux autorités russes à travers une série de projets archéologiques liant la France et la Russie.

En mai 2018, M. Poutine invite M. Malinowski  à célébrer son quatrième mandat. Quelques mois plus tard, il lance la société basée à Moscou Fondation pour le développement des initiatives historiques russo-françaises en présence de Dmitri S. Peskov, porte-parole de M. Poutine. La fille de M. Peskov, Elizaveta Peskova, est la vice-présidente de la fondation. 

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Ainsi, lorsque M. Malinowski a commencé la recherche des restes du général Gudin au printemps 2019, les diplomates français s’inquiètent.

Quand nous avons entendu parler de l’affaire, nous nous sommes posé des questions

déclare Sylvie Bermann, ambassadrice de France en Russie de 2017 à 2019. Elle note que le Kremlin a longtemps promu des personnalités françaises dans ses intérêts.

En juillet 2019, l’équipe de M. Malinowski a découvert un cercueil en bois pourri sous les fondations d’une boîte de nuit de Smolensk. À l’intérieur se trouvait un squelette unijambiste, dont les tests ADN ont confirmé plus tard que c’était bien le général Gudin.

M. Malinowski chuchote alors au squelette: 

Le général Charles Étienne Gudin, comte de La Sablonnière, rentrera chez lui !

A Paris, la découverte passe inaperçue. Bruno Roger-Petit, conseiller de M. Macron sur les questions historiques et commémoratives, invite M. Malinowski à l’Élysée en août 2019 pour discuter des prochaines étapes.

 

Réunir Macron et Poutine avec le général Charles Étienne Gudin de l’empire serait super.

Bruno Roger-Petit déclare:

Réunir Macron et Poutine avec un général de l’empire serait super.

Et c’est comme ça que tout commence.

M. Roger-Petit a déclaré dans une interview qu’il avait initialement prévu des funérailles présidées par M. Macron et M. Poutine à l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon en mai dernier. Le genre de grand événement bilatéral symbolique qu’on ne voit que rarement entre M. Poutine. et la France.

M. Macron approuve alors l’idée. Quelques jours plus tard, Mme. Carrère d’Encausse envoie une lettre à M. Macron, affirmant qu’il pourrait s’agir d’une « manifestation de réconciliation » entre la France et la Russie.

La découverte est intervenue lorsque M. Macron tentait de rétablir des relations avec la Russie depuis son élection en 2017. Il venait d’inviter M. Poutine dans sa résidence d’été dans le sud de la France.

Les présidents ont discuté du retour du général Gudin au cours d’un dîner au cours de cette visite. Visite considérée comme une « opportunité de rapprochement« .

 

Certains des autres projets de M. Malinowski sont alignés sur les intérêts du Kremlin. L’an dernier, il a organisé la reconstruction des dépouilles de soldats français morts pendant la guerre de Crimée. de 1853 à 1856.

L’inhumation a eu lieu en Crimée. Ancienne péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014, malgré l’opposition de la plupart des puissances occidentales.

Nos projets sont culturels, historiques, diplomatiques et politiques.

déclare M. Peskova.

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Le rapatriement du général Gudin semble être en route, au début de l’année 2020. La pandémie de coronavirus retardera les plans de plusieurs mois. 

En août 2020, Aleksei A. Navalny, l’adversaire le plus en vue de M. Poutine, est empoisonné lors d’une opération. Le Kremlin finira par avouer qu’il a tout orchestré.

L’enthousiasme pour un rapprochement avec M. Poutine diminue

L’enthousiasme de M. Macron pour un rapprochement avec M. Poutine diminue considérablement. Les projets d’une cérémonie présidentielle commune sont reportés. Les échanges diplomatiques s’interrompent et les communications avec M. Malinowski cessent.

Nous sommes entrés dans une phase de gel total

déclare Christian Bourdeille, président de Paris Napoléon 2021, une organisation qui a aidé à planifier la cérémonie.

Début avril, M. Malinowski reçoit des messages d’un proche conseiller de M. Macron.Le ministère français des Affaires étrangères fait obstacle au retour des dépouilles. 

Nous devons trouver un moyen de contourner la réunification des diplomates français et russes.

Le soutien français anéanti le rapatriement de la dépouille

Le soutien français est anéanti. Elle est inquiète d’un éventuel incident diplomatique. Donc, M. Malinowski passe par un fond juridique pour réclamer les restes. Au nom d’Albéric d’Orléans, un descendant du général Gudin.

Après avoir surmonté tous les obstacles. Le cercueil du général Gudin quitte Moscou. Le 13 juillet, le cercueil voyage dans un jet privé appartenant à Andreï Kozitsyne, un oligarque russe, qui a déjà financé certains  projets de M. Malinowski.

Au début, les organisateurs ne prévoient qu’une petite cérémonie privée, à l’arrivée du vol.

Mais la controverse grandissait dans médias conservateurs sur le refus français de rendre hommage au général Napoléon. Et au dernier moment, Mme Darrieussecq, Secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées de France depuis 2017 annonce que la dépouille du général Gudin serait inhumée aux Invalides.

Les Invalides, où reposent d’autres dignitaires militaires. Dans le cadre d’un hommage national qui se tiendra le 2 décembre, jour anniversaire de la victoire de Napoléon à Austerlitz.

M. Roger-Petit déclare que M. Macron a toujours souhaité que le général Gudin repose aux Invalides.

A ce jour, la France n’a pas invité la Russie à participer à l’hommage de décembre.

M. d’Orléans, un descendant du général déclare

Nous avons raté une occasion unique d’améliorer les relations entre la France et la Russie.

 

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Marc Duteil Journaliste NewsFrance.org
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Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.

Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.

Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org

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