Après un été de canicules et de sécheresses, Paris est sous pression pour réviser et accélérer ses plans en prévision de la préparation de la capitale française aux défis du réchauffement climatique. Quels efforts la ville entend-elle entreprendre pour se mettre au vert ?
La maire de Paris Anne Hidalgo, connue pour son engagement à rendre Paris 100 % cyclable, a fait de la lutte contre le changement climatique une priorité absolue. Et est largement considérée comme une ardente défenseure du verdissement des capitales européennes. Et cependant, cet été caniculaire a mis en évidence la nécessité d’accélérer les efforts pour rendre Paris plus résistante aux effets du réchauffement climatique.
La ville a été saluée pour son Plan Climat, visant à rendre la capitale neutre en carbone d’ici 2050. Selon Vincent Viguié, chercheur en économie du changement climatique au Centre de recherche internationale sur l’environnement et le développement (CIRED), le plan « place la ville parmi les plus actives au monde sur ce sujet. Tant en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre que d’adaptation aux impacts présents et futurs du changement climatique ».
Mais pour Alexandre Florentin, conseiller municipal de Paris et membre du parti écologiste Génération écologie, l’administration de la ville doit veiller à ne pas se reposer sur ses lauriers.
Alors que Paris était en avance sur les autres villes lors de la première publication de son Plan d’action pour le climat, elle a depuis pris du retard en ce qui concerne les crises énergétique et climatique.
« L’urgence climatique ne façonne pas suffisamment le reste de la politique de la ville, alors qu’elle devrait la conduire. Par exemple, c’est bien de construire des pistes cyclables… Mais l’on ne pense pas assez à l’impact du tourisme de masse et des avions. Il faut faire les choses ensemble. »
La ceinture verte d’Hidalgo
Le Plan d’action pour le climat de Paris a été révisé en juin dans le but d’accélérer la transition écologique de la ville. Et de s’assurer qu’elle reste sur la bonne voie pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat de 2015. L’idée était de se concentrer sur les besoins spécifiques de chaque arrondissement et de redoubler d’efforts pour réduire les inégalités encore exacerbées par le changement climatique.
En début d’année, les principaux objectifs environnementaux affichés sur le site Internet de la mairie étaient de rendre les écoles plus accessibles à pied. De transformer des terrains de jeux en oasis et de planter plus de 22 000 arbres pour lutter contre la canicule et renforcer la biodiversité.
En mai, Hidalgo a annoncé qu’elle voulait faire passer les 35 km de périphérique de la ville de « ceinture grise » en « ceinture verte », en plantant un total de 70 000 arbres. Et en réduisant le nombre de voies de circulation de 4 à 3.
Pour 2024, date à laquelle Paris accueillera les Jeux olympiques d’été, Hidalgo envisage de créer une voie olympique, qui sera réservée aux bus, aux taxis et au covoiturage pour les participants aux JO. Selon l’adjoint au maire, David Belliard, cela permettrait de réduire le trafic jusqu’à 80 000 véhicules.
Le maire de Paris s’est également engagé à planter plus de 170 000 arbres. Et à étendre ses parcs et jardins de 30 hectares d’ici 2026.
Des projets controversés
Certaines initiatives se sont heurtées à de vives critiques. Notamment lorsqu’un militant écologiste a partagé une vidéo affirmant que des arbres centenaires avaient été abattus à la périphérie de la ville pour faire place à la ceinture verte d’Hidalgo.
« Cela n’a pas de sens d’abattre des arbres pour en planter d’autres », a déclaré Florentin. « Il n’y a pas de consensus sur l’urgence de la situation. Si c’était le cas, l’adaptation au changement climatique serait la priorité numéro un. Nous ne construirions rien de nouveau, mais plutôt adapterions ce qui existe déjà. »
Pour Viguié du CIRED, cependant, des initiatives comme la ceinture verte peuvent être très efficaces. Et un exemple à suivre pour les autres.
« Je souhaite que ces mesures soient appliquées à d’autres communes de la région parisienne. La ville de Paris ne représente qu’une petite partie de la région. Quand on regarde ailleurs, les choses sont très différentes. Et les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les transports ou les bâtiments, par exemple, sont beaucoup moins développées. »
Une situation d’urgence
Après un été torride, l’une des principales priorités de la ville sera d’adapter les bâtiments pour qu’ils résistent aux températures extrêmes. Quelque 55 000 logements sociaux ont déjà bénéficié d’une aide financière dans le cadre d’un vaste programme de réduction des consommations d’énergie et d’adaptation des bâtiments au changement climatique. Selon les responsables parisiens, cela se traduira par une économie de 54 % de la consommation d’énergie. Et une réduction de 56 % des émissions de gaz à effet de serre.
L’objectif est également d’entreprendre la rénovation énergétique de 40 000 bâtiments résidentiels privés par an à partir de 2030.Cela comprendra la plantation d’arbres, l’isolation thermique des greniers, des toits, des plafonds et des murs. L’amélioration des systèmes de chauffage, l’installation de fenêtres à double vitrage, l’amélioration des systèmes de ventilation et l’installation de stores à utiliser en hiver et en été.
En l’état actuel des choses, « dans 10 à 20 ans, certains appartements seront classés comme invivables, au moins une partie de l’année », précise Florentin. Notant que de nombreux Parisiens se sont plaints de ne pas supporter les températures élevées subies cet été.
Son parti, Génération écologie, a fait pression avec succès pour mettre en place un comité d’évaluation afin de revoir et d’améliorer le Plan d’action pour le climat de la ville. Alors que le comité était déjà en préparation, il concède que les canicules de cette année « ont contribué à faire avancer les choses ».

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org