Après cinq jours d’âpres discussions, présidées par Gerard Mestrallet, ancien PDG d’Engie-Suez, dont les deux parties avaient accepté la médiation, Véolia et Suez sont parvenus à un compromis. Il était temps. Le conflit entre le deux mastodontes du marché de l’eau, commencé au mois d’août dernier, finissait par déranger beaucoup de monde.
Et l’Etat, en premier lieu. La menace d’un retrait de la Caisse des Dépôts et Consignations, actionnaire à hauteur de 6,5 % dans Véolia, a sans doute été un élément déterminant dans cette fin de partie.
Les grandes lignes de l’accord conclu, le 12 avril dernier, dans les salons de l’hôtel Bristol à Paris, aboutissent à la création, d’un côté, d’un géant mondial pesant 37 milliards d’euros, 5 % d’un marché planétaire, en expansion constante, et plus de 230 000 salariés. De l’autre, au maintien d’un opérateur puissant dans la gestion de l’eau municipale et des déchets solides, en France, et autorisé à poursuivre son expansion, dans son domaine, dans certaines zones à l’étranger.
Là, pour le coup, l’Union Européenne y est, probablement, elle-aussi, pour quelque chose. Car, cet accord, évite la constitution d’un monopole contraire aux règles de concurrence qu’elle défend.
Grandes lignes de l’accord conclu entre Véolia et Suez
Pas si mal, finalement, pour l’un comme pour l’autre. Le premier réalise une belle opération de croissance externe, récupérant au passage les actifs de Suez, précédemment cédés à l’australien Cleanway, au prix, sans doute, d’un fort endettement et l’obligation pour le nouveau groupe d’accroître sa rentabilité.
Pour le second, certes sa taille diminue, quasiment de moitié, et son chiffre d’affaires n’est plus que de 7 milliards d’euros, mais en acceptant de remonter son offre de 1,6 milliards, l’équivalent du montant conclu et suspendu avec Cleanway, la vente à Véolia regonfle singulièrement les moyens dont peut désormais disposer Suez pour mener, à bien, sa stratégie de recentrage.
Reste, bien sûr, encore beaucoup d’inconnues. En particulier, les modalités du maintien de l’emploi et des acquis sociaux dans le nouveau Suez. Ou encore, la recomposition de son actionnariat avec la participation de fonds d’investissement français et étrangers.
Ainsi, 80 % des actions devraient revenir, à parts égales, au fonds Méridiam et au duo constitué par le fonds Ardian et le fonds Global Infrasture Partners. Le reste allant aux salariés.
Les fonds d’investissement à la manœuvre sur le marché de l’eau
A noter que le fonds Méridiam a, depuis 2019, le statut de société de mission française. Certes, ses salariés, dont le patron est Thierry Déau, le contrôle à 100%, mais ses partenaires habituels sont le Crédit Agricole et Aecom Technolgy corp. Thierry Déau est un ancien de la CDC, dont il a dirigé la filiale Egis.
Quant au fonds Ardian, il est issu d’une structure initialement filiale d’AXA. Il est, aujourd’hui, indépendant, sous la houlette de Dominique Sennequier. Une des rares femmes à ce niveau de responsabilité.
Seul Global Infrastructure Partners entre dans un schéma capitalistique classique. Ses fondateurs sont le Crédit Suisse et General Electric.
Enfin, au cours du conflit opposant Véolia et Suez, Meridiam a été avancé par Véolia et le duo Ardian-GIP par Suez. Ce dernier, a priori, n’a pas participé à la rédaction du compromis final.
Pour André Frérot, PDG de Véolia, et nouveau champion du marché de l’eau, désormais :
La voie est déblayée avec les accords, et même, le rythme est accéléré. Parce que la collaboration entre les équipes de Suez et Véolia va permettre de traiter plus rapidement l’ensemble des démarches vis-à-vis des autorités de la concurrence.
Ce qui peut, effectivement, rester l’une des toutes dernières pierres d’achoppement.

Né en 1965 à Toulouse, Bernard Duteil est un journaliste reconnu et respecté pour sa rigueur, son analyse pénétrante et son engagement indéfectible pour la vérité. Fils d'une enseignante et d'un avocat, il a grandi dans une atmosphère où l'importance de l'éducation, de l'éthique et de la justice étaient profondément enracinées.
Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences humaines, il est entré à l'Université de Toulouse Jean Jaurès où il a obtenu une licence en communication et journalisme. A la fin de ses études, Bernard s'est lancé dans un voyage autour du monde qui a duré un an, nourrissant sa curiosité insatiable et forgeant sa perspective globale.
Bernard a fait ses débuts journalistiques au "Nouvel Observateur", où il s'est rapidement distingué par son style d'écriture incisif et sa capacité à explorer en profondeur des sujets complexes. Par la suite, il a travaillé pour "Le Monde", où il a couvert des sujets allant de la politique internationale à la culture, avant de rejoindre "France Info" puis se dédier à l'écriture de pige pour plusieurs rédactions dont NewsFrance.org